La Belle Epoque, le vestiaire comme marqueur societal
- Thierry Tessier
- 12 nov. 2024
- 2 min de lecture
Ce film documentaire de Pathé datant de 1906 est un précieux témoignage de la mode parisienne durant la Belle Époque.
On y aperçoit les élégants habits de l'hippodrome de Longchamp ainsi que les promenades dominicales dans le parc du Luxembourg. Il est intéressant de noter que les femmes sont conscientes de leur élégance, qu'elles expriment par une démarche assurée et altière.
Les tenues y sont créatives, voire audacieuses. Les classes sociales supérieures y sont représentées, et on distingue partout le corset en 'S', conçu par Inès Gaches Sarraute (1853-1928), qui incliné légèrement le buste des femmes vers l'avant. Les ombrelles sont également présentes, et le maquillage reste plutôt sobre.

En 1900, Mme Gaches-Sarraute publie un ouvrage aux éditions Masson intitulé Le Corset : étude physiologique et pratique, dans lequel elle présente ses réflexions et ses recherches. En tant que docteur, elle considère que le corset n'est pas adapté à la morphologie des femmes. Donc, selon elle, c'est une action féministe que d'een créer un nouveau.
Conçu initialement pour des raisons « hygiéniques », ce « nouveau corset » gagne rapidement en popularité à l’échelle mondiale dès les années 1900.
Les femmes réalisent vite qu’il leur permet de réduire encore davantage leur taille. Cependant, il révèle aussi certaines limites : une cambrure excessive provoque des maux de dos, tandis que la pression sur le bas-ventre, bien que différente, entraîne aussi des inconforts. Ce modèle de corset ne reste toutefois pas en vogue longtemps, disparaissant au cours des années 1920.
Reveenons à notre film:
À 5:20, on assiste à un essayage dans un appartement richement décoré, presque surchargé. La femme assise est-elle la sœur ou l'amie conseillant la jeune femme essayant une nouvelle robe de soirée ? La robe blanche pourrait même être une robe de mariée. La servante s'affaire sans que personne ne semble y prêter attention, un détail intrigant.
À 5:53, on observe la posture appropriée pour s’asseoir avec ce type de robe : l'allure est élégante mais sans doute peu confortable.
À 6:09, des chasseuses apparaissent, vêtues d'épais ensembles de laine.
Enfin, à 6:15, deux femmes fort aisées portent d'ingénieuses jupes-culottes.
Quant au second film de Pathé, également daté de 1906, c'est une satyre sociétale
Ce film met en scène un couple bourgeois parisien en quête d’une employée de maison compétente. On remarque immédiatement que les domestiques portent les tenues traditionnelles de leur région d'origine, ici la Bretagne. Elles y sont souvent stéréotypées comme voleuses ou alcooliques.
On observe également que c’est la maîtresse de maison qui se plaint de ses domestiques, car à l’époque, c’était son rôle de veiller à la bonne tenue du foyer.
Ce film illustre bien que la Belle Époque n’était belle que pour les classes aisées, tandis que les classes laborieuses subissaient leur condition.
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